Les fluides frigorigènes tiennent une place importante dans la conception des pompes à chaleur et des groupes d’eau glacée du fait que le règlement européen 842/2006 sur les gaz fluorés (F-Gaz) vise à éliminer progressivement les fluides particulièrement nocifs pour l'environnement. A horizon 2030, cette réglementation interdira les fluides frigorigènes ayant un potentiel de réchauffement global (PRG) supérieur à 150.
Les fluides frigorigènes ont des propriétés très différentes, ils influencent les coûts, le domaine d'application et la consommation d'énergie d'une installation. Les fluides naturels, dont le propane (R290), présentent deux avantages : être facilement disponibles et respectueux de l’environnement. Mais leur utilisation entraîne des coûts d’investissement plus élevés et une planification plus complexe.
De plus en plus, le propane a le vent en poupe, surtout dans le secteur résidentiel. Alors, faisons le point. Que retenir de ce réfrigérant ?
Qu'est-ce que le propane ?
Contrairement aux fluides frigorigènes synthétiques comme le R32, le propane est un hydrocarbure saturé, présent dans le gaz naturel ou le pétrole. Il est donc un "sous-produit" naturel qui présente l’avantage de bouillir à -45°C sous la pression atmosphérique, et donc se liquéfie aisément par compression ce qui est pratique pour son transport et son stockage.
Si l'on compare les propriétés du propane à celles d'autres fluides frigorigènes, on remarque principalement qu'il possède un faible potentiel de réchauffement global (PRG=3).
Exemple : 1 kg de R290 équivaut à 3 kg de CO2 contre 675 kg pour le R32 (et 2088 kg pour le R410a)
En outre, il présente un potentiel d'appauvrissement de la couche d’ozone nul (ODP=0) et il est également peu toxique.
Par contre, le propane est extrêmement inflammable (classification A3) et c’est d’ailleurs grâce à cette combustion qu’il détient de haute performance en matière de chauffage. Le risque d’explosion entraîne donc des contraintes importantes au niveau de la conception des équipements mais aussi au niveau de la planification, de l’installation et de l’exploitation du système de refroidissement / chauffage.
Au niveau de la conception
Tout fabricant doit prendre certaines mesures de sécurité dans la conception même de l’unité. Par exemple, le système électrique doit être séparé afin d'éviter les sources d'inflammation. Des capteurs de fuite doivent pouvoir arrêter l'installation et déclencher automatiquement une purge.
Dans le cas du Titan Sky, la nouvelle unité au R290 signée Swegon, l’unité est dotée d’un détecteur de fuite et d’un ventilateur d’extraction, tous deux de type ATEX (1) et tous les capteurs sont brasés afin d’éviter les risques de fuite sur les raccords.
En cas de fuite, le détecteur commande la mise en marche de la ventilation afin de disperser le propane à une concentration non dangereuse (fixée à -10% de la limite inférieure d’inflammabilité du propane). Le ventilateur est bien entendu alimenté de manière permanente par une ligne de secours.
Au niveau de la planification, installation et exploitation
Pour chaque installation d'un groupe d'eau glacée ou d'une pompe à chaleur, les surfaces d'installation, les quantités de réfrigérant, les accès, les distances etc. sont importants. Néanmoins, dans le cas des équipements fonctionnant au propane, la sécurité joue un rôle central : il convient de respecter des distances (environ de 1,5 mètre autour de l’équipement) et de renforcer la sécurité au niveau des zones d’écoulement, la signalisation et des mesures de protection (chocs / perforations interdits). Cela conduit à une zone d'accès réservée aux personnes autorisées, classée en « zone 2 » par ATEX (2).
Ce type d’équipement est conçu généralement pour être installée sur des sites de classe III selon la norme EN378-1 (installation en plein air). Par conséquent, le transport, le stockage, l’installation et l’utilisation nécessite une étude approfondie et la conformité aux réglementations européennes EN378-1 à 4, EN60079-10-1, EN13313, EN13136 : 2019 (non exhaustif) mais aussi aux réglementations nationales, telles que la réglementation incendie selon la typologie de l’établissement.
Parmi les tâches de l'exploitant de l'installation figure une évaluation des risques (3) par une expertise technique de sécurité. En outre, l'exploitant assure le fonctionnement conforme et sûr de l'installation par des entretiens réguliers effectués par du personnel spécialisé.
Alors, pour ou contre le propane ?
D’une manière générale, la rentabilité d'une pompe à chaleur ou d'un groupe d'eau glacée dépend de plusieurs facteurs, tels que l'investissement initial, les frais de planification et d'installation et les coûts d'exploitation.
Les « contre » :
Réfrigérant | Puissance frigorifique | Puissance thermique | Différence prix d'achat | |
Pompes à chaleur (puissance 100 kW, compresseurs inverter) | ||||
Titan Sky | R290 | 99 | 120 | 21 833 euros |
Zeta Sky | R32 | 103 | 105 | |
Pompes à chaleur (puissance 50 kW, compresseurs inverter) | ||||
Titan Sky | R290 | 50 | 60 | 11 208 euros |
Zeta Sky | R32 | 43 | 43 |
Les « pour » :
Personne ne doit avoir peur de planifier une pompe à chaleur / refroidisseur de liquide au R290. La haute disponibilité de ce fluide à un prix modéré et son faible impact environnemental rendent cette solution particulièrement intéressante. Avec un bon partenaire qui vous guide dans la réglementation, la planification, l'installation et l'exploitation de telles installations, cette nouvelle offre est intéressante sur le plan économique à long-terme mais surtout représente une véritable alternative écologique. Les restrictions sur les réfrigérants synthétiques se sont renforcées au fil des ans et elles sont en passe de devenir encore plus strictes, voire interdites. Le propane ne sera pas soumis à ce type de restrictions car il s'agit d'un composé produit par la nature. En d'autres termes, le premier réfrigérant de l'histoire s'avère être parmi les meilleures options pour l'avenir.
Notes
(1) Conforme à la réglementation ATEX (de ATmospheres EXplosives), issue de deux directives européennes (2014/34/UE ou ATEX 95 pour les équipements destinés à être utilisés en zones ATEX, et 1999/92/CE ou ATEX 137 pour la protection des travailleurs).
(2) Conditions dans une "zone 2" ATEX:
(3) La réglementation dite ATEX demande à tous les exploitants de maîtriser les risques relatifs à l'explosion, au même titre que tous les autres risques professionnels. Pour cela, une évaluation des risques d'explosion du site est nécessaire pour permettre de déterminer tous les lieux où peuvent se dégager des éléments explosifs : il s'agit du DRPCE (Document relatif à la protection contre les explosions).